Une souris verte

Jeudi dernier, nous étions au théâtre Tristan Bernard dans le 8e pour voir Une souris verte. C'est une adaptation française de la pièce The Little Dog Laughed de l'auteur de théâtre Douglas Carter Beane.

Cette comédie sur l'univers impitoyable du cinéma hollywoodien place deux couples dans la tourmente. Alex, un jeune prostitué, trop sur de lui, et sa copine Ellen, un peu paumée, forment le 1er couple. Diane, une agent de cinéma lesbienne et son petit protégé Mitchell, star montante gay mais dans le placard, forme le deuxième couple "propre sur lui" à la ville mais beaucoup moins conventionnel en privé. Alex et Mitchell vont tomber amoureux l'un de l'autre à New-York... Cette idylle met en péril les projets de Diane qui vient d'acheter les droits d'une pièce de théâtre pour en faire un film. Mitchell doit en être le personnage principal... Beaucoup de journalistes aux Etat-Unis y aurait reconnus des acteurs de cinéma dont la double vie alimente régulièrement la presse à scandale...

La pièce à l'humour très new-yorkais joue avec les clichés de la culture et des moeurs gay. Tous les traits sont grossis. Tous les comportements sont amplifiés et les acteurs surjouent volontairement un texte subtile aux répliques cinglantes. Les rivalités entre le mercantilisme de Los Angeles et l'honnêteté artistique et désintéressée de New York sont caricaturées. Diane est le personnage pervers, ironique et follement drôle, camp et bitchy comme diraient les anglais. Alex est le prostitué pure, naïf et amoureux. Mitchell l'acteur prêt à tout pour y arriver et Ellen la jeune fille rêveuse et opportuniste.

Jean-Luc Révol signe une mise en scène énergique. En utilisant un plateau tournant, il accentue cette hystérie que l'on retrouve parfois sur les plateaux de cinéma. Les acteurs portent très bien le texte et ma mention spéciale va à Raphaëline Goupilleau qui joue Diane...

Sous ses faux airs de farce, cette pièce nous interroge très vite : qui est-on vraiment, que voulons nous vraiment, qu'est-ce que réussir sa vie, sommes nous prêts aux compromis, quel en est le prix à payer ? Pourquoi notre société moderne place la célébrité des individus au centre de la vie médiatique ? Où est la frontière vie publique / vie privée ? Quand et avec qui jouons-nous ? Quand sommes-nous le plus en phase avec nous-même et avec qui ?...

Le mensonge et/ou le compromis peuvent être un des remparts à la souffrance. L'essentiel est d'accéder au bonheur... ou à l'idée que l'on s'en fait.

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